MISE EN BOUCHE
Serait-ce par jalousie de “Paris-Brest” que “Paris-New-York” tente de se faire un nom dans le monde très restreint des voyages à double-sens? S’il est de notoriété commune que la ligne de train est aussi une délicatesse à la recette bien maîtrisée, les contours du second sens de “Paris-New-York” ne se dessinent que depuis peu. La ligne aérienne aurait pu bien sûr devenir un cocktail enivrant, symbole d’abondance et d’insouciance, mais son destin est tout autre puisqu’il l’apparente au contraire à une unité de mesure et de comparaison des émissions de gaz à effet de serre. Combien de fois peut on lire qu’un Paris-New-York équivaut à telle quantité d’émission (de l’ordre de la tonne rien qu’en CO2)? Telle proportion de notre “quota” annuel (de l’ordre de 70%)? Telle portion de viande de bœuf ingérée ou encore à telle quantité d’arbres qui respirent à pleines bronches, ou plutôt synthétisent à pleines branches pendant une année?
Il faut reconnaître qu’avec une quinzaine de rotations par jour totalisant près de 5000 sièges dans chaque sens (pré-covid), et sa dizaine de compagnies se partageant le gâteau, Paris-New-York a tout fait pour devenir la crème de la crème en matière d’émissions : une référence. Seulement voilà, une telle débauche pose aujourd’hui de sérieux problèmes de digestion et la nécessité de faire un régime s’impose comme une évidence.
Nous voici donc agglutinés dans la salle d’embarquement pour New York, contraints de nous poser cette question devenue existentielle : qui part, et qui reste? Cette question n’est autre qu’une autre question de sens. Non plus celui des mots mais celui du voyage en lui-même. Combien d’entre nous pourraient trouver à Brest (1kg de CO2 en TGV), ce qu’ils vont chercher à New York? Combien d’entre nous s’y rendent par pulsion et auraient pu se satisfaire d’un choux à la crème? Il y a ceux pour qui c’est le voyage d’une vie, et ceux qui s’y rendent machinalement. Il y ceux qui y résident, et ceux qui n’y feront qu’une courte escale pour rebondir vers un autre ailleurs. Tous, nous avons de bonnes raisons d’embarquer, mais tous, nous devons les confronter à ce qui constitue désormais de bonnes raisons de rester : préserver nos ressources, notre climat, notre environnement.
Paris-New-York est aussi désormais une sèrie du Yakafokon. Vous pourrez y suivre le cheminement d’un agent de voyage qui se heurte aux défis environnementaux caractéristiques de notre époque. Animé à la fois par sa passion du voyage et la nécessité de lui redonner du sens, il vous fait part de ses états d’âmes dans sa quête d’un monde où la culpabilité s’efface pour rendre à la découverte toute sa saveur.
William Isebe
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